avril 03, 2008

L'éloge de la fatigue

Alors que j'ai commencé mon nouveau boulot il y a maintenant un peu plus d'un mois et demi, j'ai versé quelques larmes mardi au bureau. La fatigue, l'épuisement et quelque menus événement ont eu raison de mon état de félicité habituel...
Pourtant j'aime ce que je fais, j'aime les gens qui partagent mon quotidien, j'aime mes enfants, mon mari, mes amis, et ils me le rendent bien. Les ateliers d'écriture auxquels je participe depuis un peu plus d'un mois et demi (j'ai tout commencé en même temps), me comblent... mais je suis un peu usée, et mon souci réside principalement je crois dans le fait que je ne veux pas l'admettre. Que je devrais être plus résistante que ça, c'est quoi, un mois et demi ?
Il est parfois dans ces circonstances des réconforts précieux, et une amie m'a adressé ce texte, très beau, très juste, je vous le fait partager, et je la remercie.
Bonne journée...

L'éloge de la fatigue

Vous me dites monsieur, que j'ai mauvaise mine,
qu'avec cette vie que je mène, je me ruine.
Qu'on ne gagne rien à trop prodiguer,
vous me dites enfin, que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué monsieur, mais je m'en flatte,
j'ai tout de fatigué : le cœur, la voix, la rate.
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
mais grâce à Dieu, je ne m'en soucie pas.
Et quand je m'en soucie, je me ridiculise,
la fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
On est jamais aussi fatigué qu'on le croit,
et quand cela serait, n'en a t-on pas le droit?
Je ne vous parle pas des tristes lassitudes,
qu'on a lorsque le corps harassé d'habitudes,
n'a plus que pour se mouvoir que de pales raisons.
lorsqu'on fait de soi son unique horizon.
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre ou à se défendre.
Cette fatigue là est mauvaise à entendre.
Elle fait l'œil morne, le front lourd, le dos rond,
et nous donne l'aspect d'un vivant moribond.
Mais se sentir plier sous le poids formidable,
des vies dont un beau jour on s'est fait responsable.
Savoir qu'on a des joies ou des pleures dans ses mains,
savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain.
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
aider une existence à continuer sa course.
Et pour cela se battre à s'en user le cœur,
cette fatigue là monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, chaque assaut qu'on livre,
on va aider un être à vivre ou à survivre.
Et sûr qu'on est le port et la route et le guet,
où prendrait on le droit d'être fatigué?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
marque chaque victoire en creux sur leur figure.
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus,
parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.
La fatigue monsieur est un prix toujours juste,
c'est le prix d'une journée d'efforts et de lutte.
C'est le prix d'un laboure ou d'un mur ou d'un exploit,
non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
et c'est la preuve aussi qu'on vit avec la vie.
Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
j'écoute mes sommeils et là, je me sens fort.
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
et ma fatigue alors, c'est une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer,
mais si j'acceptais là ce que vous me proposez,
si je m'abandonnais à votre douce intrigue,
mais je mourrais monsieur, tristement de fatigue.

Robert Lamoureux.

3 commentaires:

  1. Anonyme10:16 AM

    FARPAITEMENT!
    ;o)

    Bizzzzzzzz de non fatigue ^_^*

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  2. Anonyme11:25 AM

    Superbe éloge, je vais l'imprimer !!!
    Merci May et bonne journée !

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  3. Ah ma trolette, merci ! biz à toi également !

    Florinette : je t'en prie, je ne fais que faire suivre les jolies choses que l'on partage avec moi... bonne soirée à toi.

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