Vous avez remarqué comme, dans le train, les gens parlent de métastases et de "Combien de temps lui reste-t-il ?"
Bon, ok, j'exagère. Mais à peine.
Jeudi soir, dans le train, une jeune fille demandait "Mais alors... il ne va pas s'en sortir ?" puis "Bon, s'il est encore là dimanche, je viendrais le voir".
Le climat dans les parages, je ne vous dis que ça. Entre le mec en face d'elle qui ne savait plus où poser les yeux et a fini par les mettre dans sa sacoche, la femme vaguement intriguée qui a fini par ôter son écouteur et moi qui envoyais un mail de mon portable, tellement je trouvais cette situation incongrue... Bon, il s'est rapidement avéré que son grand-père mourant était en fait un chien. Et que le prix de la piqûre lui a fait vraiment regretter qu'il faille en passer par là "Combien ? Quatre-vingt euros ?!"
Samedi, à la bibliothèque, je vais gentiment travailler, la personne en charge de la salle d'étude est au téléphone. Elle y reste vingt minutes. Oubliant complètement qu'il y a là des gens venus chercher le silence, la tranquillité, la concentration. Les innocents !
Et de raconter sa vie, avec force rires de gorge et exclamations. Incroyable. Je peux tout vous raconter. D'autre part, on ne sait jamais qui est autour de nous. Il s'avère qu'elle parlait de personnes que je connais, de près, très près, ou de plus loin.
D'autres personnes, dès le saut du lit, parlent déjà du repas qu'ils feront le soir, et que vous le vouliez ou non, vous êtes rapidement informé du contenu de leur bac à légumes à 8h34, alors même que vous vous laissiez gentiment emporter par votre bouquin.
Ce soir en rentrant, cette femme, au téléphone toujours "Mais bon, faut d'abord savoir si c'est métastasé ou pas métastasé..." Oui, soyons un peu pragmatiques, que diable !
Pas de repos pour les braves, la vie est là, qui ne demande qu'à être vécue et à être dite, alors n'hésitons plus, étalons, racontons, à tous vents, à tout va, nos carottes, nos métastases, nos envies, nos pourquoi et nos comment. La liberté d'expression s'exerce à chaque instant, ne soyons pas avares. Et tant pis pour nos voisins s'ils ne voulaient pas savoir.
Ils n'avaient qu'à prendre leur bagnole.
J'ai l'air de râler, mais pas du tout. Moi, les gens qui racontent leur vie, ça me distrait. D'autant que je ne suis pas la dernière à le faire, j'avoue tout. De là à étaler l'intérieur de mon frigo...
Et vous ?

ah... le silence des bois...