février 23, 2009

Leur manquer

Ne pas être là.
Leur manquer.
Retrouver le regard coquin qui joue à cache-cache pour gagner un câlin. Le sentir se blottir contre moi. ça change des tapes.
Et elle, sa main dans ma main, et la question : est-ce que tu seras là quand je serai plus grande et que j'aurai peur ?

Avoir envie de leur manquer encore un peu. En tous cas plus souvent.

février 19, 2009

Courir pour l’avoir. Ou pas.

Ce matin j’ai couru après mon train. Pourtant, je pensais ne pas réussir à l’attraper.

Le train du matin est pervers, il suffit que je décide qu’il est trop tard pour courir, pour qu’il reste en gare deux minutes de plus que prévu, mais me ferme tout même ses portes au nez. Quand nous avons emménagé dans la pampa, je me suis juré ne jamais courir après un train ou un métro, pour ne pas, par cet acte-là, me rendre esclave du rythme moderne. J’étais tout juste enceinte à l’époque, et pas du tout en mesure de courir. (Je vous passe les détails, vous apprécierez).

Las. Dès que j’ai eu accouché et retrouvé quelques muscles, je me suis mise à courir tous les jours. C’est en quelque sorte devenu mon mini-footing du matin, du midi et du soir, mon cardio-minute du jour...

Après avoir couru, sans forcer, soufflé, après avoir entendu la sonnerie des portes me narguer alors que j’avalais les marches de l’escalier deux à deux en croisant les doigts pour ne pas en louper une, après évaluation stratégique ultra rapide de la porte la plus proche de moi en cet instant, et alors que je m’attendais à voir les portes se clore dans la seconde, le train, très bizarrement, m’a attendue.

C’est en m’asseyant, et tandis que je tâchais de masquer ma respiration haletante, que je me suis fait la réflexion que finalement, tout cela est une question d’état d’esprit.

Si je n’avais pas tenté ma chance, je me serais probablement maudite de n’avoir pas bougé mes fesses pour l’avoir, ce train. Et je me serais retrouvée paisible, pas essoufflée, sur le quai

Mais alors je l’aurais qualifié de train pervers, faisant mine de m’attendre et me fermant les portes au nez.

Eh bien l’écriture, c’est pareil en fait. Si je ne tente pas ma chance, quelle est, en réalité, la probabilité qu’il se passe quelque chose ? Elle est nulle.

Alors ? J’ai envie de l’attraper ce train ou pas ? Sûr !

Ou est-ce que je fais le choix de ne pas courir, de ne pas faire cet effort, tous les jours, et de rester sur le quai à me geler sans avoir même essayé ?

No way, comme dirait l’autre.

Et peut-être qu’avec un peu de chance, le train m’attendra aussi un peu...




février 12, 2009

La bête

L'écriture. Aussi vitale que douloureuse. 
Je n'ai pas confiance en moi, en ce que je suis capable d'écrire. 
Mais j'ai besoin d'écrire. 
Et ce combat intérieur, je le livre tous les jours, je me cou
che en ayant envie d'écrire, je me lève dans le même état, et tout le jour je porte ce désir en moi, bien au chaud dans mon sein. 
Il se fait plus ou moins vivace selon les jours, mais il est là, brûlant, doux ou vibrant, et je le caresse ou le fait taire selon que j'ai ou non le temps/l'envie/l'idée/l'énergie d'écrire. 
Et la confiance qui me fait défaut cède régulièrement la place au rouleau compresseur de l'auto-débinage, dont je suis experte. 
La lutte est constante.
Ci-dessous, une métaphore qui repousse les points, exercice expérimenté en atelier ce lundi.



Tapie dans l'ombre d'un recoin, la bête est là, vive, aux aguets, prête à bondir au moindre sursaut, elle a rassemblée ses forces pour attaquer et n'attend plus que le moment de surgir, les muscles bandés et la détente sûre, toutes griffes sorties et toutes dents dehors, l'écume fumante aux lèvres elle guette l'indice de ma faiblesse, la faille qui lui permettra de s'engouffrer pour me déchirer et m'ôter le souffle, le doux souffle chaud qui m'anime et me donne ce petit goût de vie, cette trace de sel sur mes lèvres qui fait battre mon coeur un peu plus vite, un peu plus fort, et m'aide à traverser les vents quotidiens debout, petite flamme vacillante qui pourrait en un souffle se dissiper en un filet de fumée, en laissant une odeur de consumé, et le souvenir d'une lueur.


J'écoute la bête, je la tient en respect tant que je peux, mais il est parfois doux de lâcher les armes et de la laisser me dévorer, de la regarder fouiller mes entrailles et me dépecer avec fureur, depuis le temps qu'elle se contient, elle a faim et se nourrit comme si elle voulait ne plus jamais connaître cet appétit, avec avidité et sans aucune hésitation, et je la regarde m'engloutir sans reprendre son souffle et avant même d'avoir conscience du mal qu'elle me fait, alors que j'ai sciemment permis cet assaut et que je ne cherche même plus à me défendre.



Le temps a changé. La bête est moins gourmande, elle s'est gavée des années durant de ma faiblesse ignorante, mais je ne la laisse plus autant faire, et son appétit doit s'amenuiser avec la raréfaction de sa pitance; mais je reste vigilante, je sais qu'elle respire toujours quelque part dans un coin, jamais bien loin, et qu'elle reconnaît à la seconde l'odeur de mes hésitations, le parfum de mes errances et celui, familier, du doute profond, alors sans cesse je déploie des ruses pour dissimuler à son flair aiguisé mon absence de courage; je fuis parfois pour lui échapper, oubliant un instant toute velléité, toute aspiration, mais l'envie n'est jamais loin, qui seule me permet de ne pas ployer définitivement; c'est une grâce, une chance, que j'ai pour soif de préserver.




La belle et la bête - Jean Cocteau


février 07, 2009

L'horizon


Pour ne pas perdre de vue quel fut cet horizon merveilleux pour moi, au seuil de cette nouvelle année. 


février 05, 2009

Ne parle pas d'enfer qui veut


La porte des enfers, Laurent Gaudé, 2008

Voici un nouveau Gaudé que j'ai appréhendé de lire, redoutant le sujet grave, en bonne âme sensible qui se respecte. 
L'histoire est en effet celle de la perte d'une enfant, qui conduit des parents au seuil de cette porte des enfers. 
Mais, à moins que je sois devenue particulièrement imperméable aux drames de la vie, je n'ai pas été touchée comme je le craignais, et comme je l'attendais, paradoxalement. 
Qui me lit sait que j'ai pour Laurent Gaudé une profonde admiration. Il est de ces auteurs qui traitent de la nature humaine et nature tout court avec brio et beaucoup de style. Mais si j'ai à nouveau pu apprécier son écriture délicate, je n'ai pas adhéré à son histoire. Je crains qu'en effet Laurent Gaudé ne maîtrise pas encore le style fantastique, à mon plus grand regret, vous pouvez me croire. Je n'ai pas été emportée par sa description des enfers, et une longueur pensante a failli me faire lâcher prise au milieu du roman. 
Une petite déception, donc, dont je me remettrai, tant le souvenir de ses précédents livres est encore vivace et réconfortant pour moi.