février 26, 2007

Toujours bien !

Je suis assez contente.
Parce que mon film chéri Je vais bien ne t'en fais pas, a obtenu deux Césars !
Meilleur acteur dans un second rôle masculin pour Kad Merad, et jeune espoir féminin pour Mélanie Laurent.
Je suis contente. Et je ne peux que vous encourager à aller le voir.
Même si les Césars ont également récompensé le "Ne le dis à personne" qui a l'air calamiteux...
Tout le monde peut se tromper...

février 23, 2007

L'imagination ne suffit pas !


Eva Luna – Isabel Allende
1987

J’affectionne la littérature sud-américaine. J’aime l’onirisme, les rebondissements étonnants et la liberté imaginaire totale que s’offrent les auteurs. J’avais précédemment lu et beaucoup aimé « Fille du destin », du même auteur. Dans ce livre-ci, j’ai été déstabilisée par la succession vertigineuse des personnages et des situations toutes plus farfelues les unes que les autres, comme si la surenchère faisait loi. Je n’ai pas réussi à m’attacher à cette enfant, puis jeune fille et jeune femme ballottée par les événements. J’ai trouvé beaucoup plus attachants certains personnages secondaires. La particularité d’Eva Luna est de savoir inventer et raconter des histoires, avec une imagination débordante que l’auteur n’a rien à lui envier. Finalement, au milieu des rebondissements politiques et autres récits de la vie des uns et des autres, l’auteur nous livre à la toute fin du récit, une sorte de résumé de l’histoire tout en passant en revue les personnages :

« Mais la Télévision nationale ne laissa pas souffler les patients téléspectateurs, et enchaîna aussitôt sur la diffusion de mon propre feuilleton, que dans un élan sentimental, j’avais intitulé Boléro, en hommage à ces airs qui avaient bercé mon enfance et qui avaient servi de point de départ à un grand nombre de mes histoires. Le public fut interloqué par le premier épisode et ne parvient pas à s’en remettre au cours des suivants. Je crois bien que personne ne compris à quoi rimait cette histoire abracadabrante, les gens étaient habitués à ce qu’on leur servît de la jalousie, du dépit, de l’ambition ou pour le moins de la virginité, or rien de tout cela n’apparaissait sur le petit écran et ils s’endormaient chaque soir, l’esprit emberlificoté par un méli-mélo d’indiens empoisonnés, d’embaumeurs dans leurs chaises roulantes, de maîtres d’école pendus par leur propres élèves, de ministres déféquant sur des sièges de velours épiscopal, entre autres atrocités qui ne résistaient à aucune analyse logique et échappaient à toutes les lois connues du feuilleton commercial. »
Et là, je me suis reconnue dans le téléspectateur largué à l’esprit emberlificoté. J’ai repensé à ces pages entières relues faute de concentration, pleines à craquer de rebondissements, de sorte qu’on craint à un moment qu’ils nous sautent à la figure au détour d’une page. Bon, je ne trouve pas ça très agréable que l’auteur nous explique que si on a du mal à suivre ses élucubrations foisonnantes, c’est parce qu’on est conditionné pour du commercial. Je suis très susceptible.

Puis, à peine plus loin, elle décrit le processus créateur dans lequel j’imagine très bien l’auteur devant son texte se confondre avec Eva Luna :
« Je rédigeais chaque jour un nouvel épisode, totalement immergée dans le monde que je créais grâce au pouvoir universel des mots, devenue moi-même un être éparpillé, reproduite à l’infini, contemplant mon propre reflet dans de multiples miroirs, vivant des vies sans nombre, m’exprimant par une kyrielle de voix. »

Bon, j’en conclue que l’auteur se retrouve complètement dans son univers, qu’elle est tout le monde à la fois et qu’elle se sent hyper puissante. Mais on a aussi l’impression qu’elle se fiche éperdument que son lecteur suive. Ou passe un bon moment à sa lecture.
Personnellement je me suis accrochée par curiosité. Je crois que j’ai bien aimé, finalement. Mais il manque quand même une sacrée trame que la vie de l’héroïne ne suffit pas à former.

Si j'avais un million


If I Had a Million (1932)

Réalisé par James Cruze, H. Bruce Humberstone, Ernst Lubitsch, Norman McLeod, Stephen Roberts, William A.Seiter, Norman Taurog, Lothar Mendes.
Avec :
Gary Cooper
Charles Laughton
George Raft
Jack Oakie
Richard Bennett (John Glidden)
Charles Ruggles
Alison Skipworth (Emily La Rue)
W.C. Fields
Mary Boland (Mrs. Peabody)
Roscoe Karns (le soldat O'Brien)
May Robson (Mrs. Mary Walker)

Un bien joli petit film qui réunit une palanquée de réalisateurs, de scénaristes et d’acteurs pour une histoire qui repose sur une idée simple : que feraient les premiers venus si on leur offrait à l’improviste un million de dollars.
Un milliardaire mourant décide de distribuer sa richesse de son vivant afin que ses héritiers n’aient pas la possibilité de contester sa décision. Il choisit huit personnes au hasard de l’annuaire et va lui-même leur porter un chèque d’un million de dollars.
S’ensuivent huit sketches aussi différents que le sont leurs personnages principaux : du faussaire au militaire et du vendeur de porcelaine martyrisé par sa femme à la jeune prostitué, tous ont un usage bien personnel de ce chèque providentiel. Les sketches ne sont pas tous d’égale qualité, mais les idées sont bonnes et les personnages excellents. J’ai tout particulièrement aimé la vieille retraitée au caractère bien trempé jouée par May Robson qui aurait pu quitter fissa la maison de retraite austère où elle étouffait, et qui choisit plutôt de la transformer en club pour dames âgées où le plaisir est roi. Les choix des uns et des autres sont relativement inattendus, et c’est chaque fois un plaisir de changer d’univers et de se laisser surprendre. À noter également la composition de Richard Bennett, complètement excessif dans son rôle de vieux milliardaire caractériel. Un régal.

février 20, 2007

Le mois de janvier

Au mois de janvier, j'ai eu un temps fou. Ce n'est pas si fréquent.
Je n'avais pas la possibilité de faire certaines choses comme :
- du sport
- surfer, donc bloguer
- voyager
- m'agiter en général.
Conclusion, me voilà astreinte à me reposer, dans lit, tant qu'à faire, et face à ma bibliothèque, fraîchement déménagée et rangée par un homme tendre et parfois (trop rarement cependant) ordonné.
Je suis donc tombée dans certains livres. D'autres me sont tombés des mains.

Petit résumé :

La rose pourpre et le lys. Michel Faber



Deux volumes recommandés par mon amis Gaëlle, en qui j'ai une confiance aveugle (C'est içi). J'avais acheté le tome 1 (je suis comme ça, j'achète toujours "à moitié. Et je le regrette souvent. Je pense que j'aime être un peu frustrée ;-)
Hé bien c'est sans aucune surprise que je suis tombée dedans, renouant avec les longues heures de lecture planquée sous la couette, ne me levant que pour boire et manger (et encore). Les deux tomes m'ont fait dix jours, fait rare ces dernières années, j'ai dévoré. C'est bien écrit, bien documenté, les personnages sont attachants, c'est un fait, et on regrette de ne pouvoir aller faire un tour dans le Londres de cette époque où l'auteur nous balade sans relâche.
Au début, j'étais un peu sceptique face aux intrusions de l'auteur qui nous dit volontiers de suivre tel personnage ou de ne pas nous laisser aller à imaginer ceci car "ça n'arrivera pas". Mais ces interventions ne sont pas si fréquentes et servent même la narration à plusieurs reprises. Le procédé est maîtrisé et utilisé avec parcimonie donc tout va bien.
Une amie m'avait dit "Ah oui, c'est l'histoire classique de la rédemption de la prostituée !" Peut-être, je n'en ai pas lu d'autres, donc je me garderais de me prononcer sur le sujet, mais je pense que quitte à en lire une, celle-ci vaut le détour.

Ensuite, c'est toujours un peu difficile de passer d'un bouquin emballant comme ça à un autre, et là, une amie m'en avait prêté un.
Le livre de Joe. Jonathan Tropper
C'est toujours le souci avec certains amis, ils ont adoré un livre alors ils vous le prêtent, sans se soucier de savoir si vous avez envie de le lire ou si vous avez déjà des tonnes de bouquins de rêve qui attendent sagement dans votre biblioque qu'une occasion se présente pour eux d'être enfin lus. Enfin bref, je suis terriblement curieuse, et ce livre-ci a fait l'objet de transition parfait : vite lu, pas trop dérangeant. Quoique. Ce bouquin regorge de cette tournure que je déteste : "je n'ai pas le temps, pensé-je" "Il va me tuer, supposé-je". Je n'ai aucune idée de la pertinence de cette conjugaison, mais elle me colle des boutons. Et là c'était véritablement trop, en moyenne trois utilisation par double-page, jusqu'à la dernière phrase !
Sinon l'histoire : un homme d'une trentaine d'années a écrit un best seller en prenant appui sur le village de sa jeunesse et ses habitants dont il fait des portraits corrosifs et largement caricaturaux. Le livre commence quand Joe, paumé dans son appartement de Manhattan cherche à rebondir après le succès de ce livre qui fut également adapté au cinéma. Son père est mourrant, il doit retourner sur les lieux de sa jeunesse qu'il a fuis depuis une dizaine d'années. Bien sûr, tout le monde lui fait payer sa "liberté narratrice", mais le temps a passé et les gens ont changé, Joe trouve là la source d'inspiration pour un deuxième livre. Bof. Mouai.
Parfait livre de transition, mais je ne le recommande pas.

Second livre de transition.
Oui, La rose pourpre m'a laissé cette empreinte telle qu'il me faut deux livres de transition.
L'homme qui voulait vivre sa vie.
Douglas Kennedy.
Acheté dans l'optique "quand je serai fatiguée et que je n'aurais pas envie de m'investir dans un livre fort". On va dire.
j'ai découvert D. Kennedy par La poursuite du bonheur, que j'avais bien aimé. Mais depuis, j'ai été déçue par tous ceux que j'ai lus : Une relation dangereuse (super prévisible), Les charmes discrets de la vie conjugale, Rien ne va plus... Bref, il me reste Cul-de-sac. On verra bien. Après je pense que je jetterai l'éponge.
L'histoire est celle d'un homme qui vit une vie malgré lui, il est avocat friqué à Wall Street, marié, deux enfants, et possède une jolie maison en banlieue. Son drame : il aurait voulu être photographe.
Je vous passe les péripéties, les exagérations à tous les étages et autres raccourcis. ça détend, ça se lit vite et puis c'est tout.

En ce moment je lis ça :
Eva Luna. Isabel Allende
C'est pas mal, j'adore la littérature sud-américaine, onirique à souhait, mais le problème c'est qu'il faut que je m'enchaîne à ce livre pour ne pas le lâcher au bout de trois pages. Les événements se poursuivent trop vite pour moi, les personnages se succèdent autour de l'héroïne Eva, on a du mal à la cerner, bref, je n'arrive pas à entrer dedans. C'est la seconde fois que je m'y efforce, et je n'aime pas lâcher un livre en cours de route, j'ai horreur de ça. J'ai peu de passer à côté de quelquechose de bien, et j'ai un sentiment de gâchis terrible. Enfin, on verra bien si je persiste ou non.

bref, au milieu de tout cela, et pour finir sur une notre positive, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur (Harper Lee) a été une parenthèse enchantée, douce et dépaysante. Pas de violence gratuite, une histoire simple servie par des personnages attachants et intéressants. Un livre prêté par la même amie que celle du Livre du Joe. Je continue à être curieuse.

février 07, 2007

Sweet home, Alabama

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

(Nell) Harper Lee - 1960




Voilà une jolie rencontre avec l'Amérique sudiste des années de la Dépression, un beau livre, prix Pulitzer en 1961, qui eut un franc succès en Amérique où il est une référence littéraire.
L'intrigue est racontée par la jeune Scout, petite fille qui vit avec son grand frère Jem, et son père, Atticus, avocat, personnage droit qui élève seul ses deux enfants. J'ai tout particulièrement apprécié les valeurs qu'il tâche de leur transmettre, même si certains lecteurs critiquèrent le manque de crédibilité du ton de la narratrice, du fait de son âge. Oui, cet homme vit dans un monde idéalisé, mais c'est certainement ce qui lui permet de sauvegarder cet esprit libre et puis après ?

Au milieu des trois années qui rythment le livre, au milieu des jeux d'enfants de Scout et Jem et de la découverte de l'école par Scout, Atticus est commis d'office. Il est chargé de défendre un Noir menacé de la peine de mort pour avoir violé une Blanche. Ce procès est bien sûr l'occasion d'aborder les questions du racisme, des préjugés et les conditions de vie des Noirs dans le sud de l'époque. Il est également l'occasion pour Scout et Jem de découvrir le monde de la justice.
Atticus sera décrié alors même qu'il n'a pas fait le choix de défendre cet homme. Scout apprendra à ne pas se battre pour défendre son père et sa famille, et à grandir sans nécessairement devenir la "dame" que voudrait sa tante, elle apprendra aussi à connaître les gens au-delà de l'image que tout le monde a d'eux.
Bref, ce roman est doux, agréable, il fait du bien.
La voix de Scout est rafraîchissante sans être mièvre et l'atmosphère du sud donne envie d'aller faire une virée en Alabama !