décembre 24, 2009

Une blanche neige à redécouvrir

Hier je suis allée voir le ballet de Preljocaj à Chaillot.

C'était magnifique. La chorégraphie, les costumes (Mister Gaultier), la mise en scène, mon dieu ! Cela faisait une éternité que je n'avais pas assisté à un ballet, et quel retour, vraiment. je vous le conseille, même si les places semblent difficiles à obtenir.
Je crois qu'à part un ou deux passages un peu longs au début, j'ai tout adoré. L'ouverture en forme de coup de poing m'a laissée ko, la marâtre en maîtresse dominatrice était sublime, les nains, plutôt des mineurs que des nains à la Walt Disney et leur chorégraphie verticale, les duo boulversants entre blanche neige et la reine, celui avec le prince, non vraiment, c'était sublime.

.

Attention en revanche, les enfants ne sont pas les destinataires, certains passages étant vraiment difficiles et très bien rendus...

Voici une belle manière d'entrer en période de fêtes. Je vous souhaite de très beaux moments et je vous dis en 2010.
Vous pouvez en découvrir un extrait ici:








Je vous souhaite de très très belles fêtes !


Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Musique : Gustav Mahler
Musique additionnelle : 79 D
Costumes : Jean Paul Gaultier
Décors : Thierry Leproust
Lumières : Patrick Riou assisté de Cécile Giovansili et Sébastien Dué
Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Van den Bosch
Assistante répétitrice : Claudia De Smet
Choréologue : Dany Lévêque
Conseiller acrobaties verticales : Alexandre del Perugia
Spectacle créé en résidence au Grand Théatre de Provence (Aix-en-Provence)
Coproduction Biennale de la danse de Lyon / Conseil Général du Rhône, Théâtre National de Chaillot, Grand Théâtre de Provence, Staatsballet Berlin (Allemagne)
Chorégraphie primée aux Globes de Cristal 2009.

décembre 21, 2009

"C'est une jungle, nous sommes pris dans une jungle"



Il faut quand même que je vous parle de Suite française, que je viens de finir, et qui m'a semblé tout à fait intéressant, agréable et sympathique.
Je découvre avec lui cette femme romancière, Irène Némirovsky, originaire d'Ukraine mais de langue française, dont le talent pour raconter les gens, petits et grands m'a souvent agréablement surprise.

Le roman n'est pas achevé, mais qu'à cela ne tienne, il représente en réalité la réunion des deux premiers tomes prévus pour être initialement les deux premiers tomes d'une série de cinq. L'auteur nous installe suffisamment bien dans l'époque, et peint des personnages aux mille détails parlants, de sorte que chacune des deux parties s'ouvre sur une suivante, mais qu'elles sont parfaitement équilibrée et achevées en elles-mêmes. Le témoignage est écrit sur le vif, Irène Némirovsky ayant assisté à cet exode, même si elle-même n'a pas quitté la région parisienne. Le tableau de l'époque et les figures décrites sont excessivement justes, et les portraits sont amusants autant qu'acerbes. L'ensemble forme une fresque de belle ampleur, qui ne s'essouffle pas et compte un certain nombre d'extraits aussi riches que parlants. Quant aux métaphores, elles sont à la fois poétiques et très expressives.

La première partie, Tempête en juin, décrit l'exode de juin 1940, où les Français fuient les allemands arrivés dans le Nord de la France et entrés dans Paris le 14 juin.
Chaque chapitre donne lieu à la présentation d'un ou de plusieurs personnages, chacun très finement dépeint grâce à l'art du détail et le sens critique de l'auteur. On sent un certain cynisme en même temps que de l'attachement pour certain (peu) d'entre eux. La critique de la société est féroce : en prenant chaque personnage dans son milieu et en le jetant sur les routes en temps de guerre, Irène Némirovsky a là matière à mettre en exergue chaque défaut, chaque
caractéristiques d'une classe sociale, d'une typologie de personnages : des grands bourgeois à l'auteur égoïste, des gens modestes au collectionneur de faïences, elle nous offre un regard perçant et sans complaisance sur les hommes. Par exemple, sur le bord de la route, la mère de famille bourgeoise partagera généreusement les vivres emportés avec les enfants d'une famille dans un café, accomplissant par là même ses bonnes oeuvres, mais elle leur retirera le pain de la bouche sitôt qu'elle aura pris la mesure du dénuement dans lequel l'exode place chacun.

La seconde partie, Dolce, s'arrête dans un petit village, Bussy, et décrit quelques mois de la vie quotidienne des villageois qui ont accueilli les Allemands dans leurs murs. Une relation se tisse plus particulièrement entre une jeune femme et un officier allemand.

Les dernières parties auraient pu/dû s'appeler 3) Captivité ; 4) Batailles 5) La paix, mais les titres n'étaient pas fixés, pas plus que le titre de l'ensemble, pour lequel elle avait envisagé Tempête ou Tempêtes. Le titre de Suite française étant donné finalement en référence à la musique, dont elle se sentait proche, la suite musicale étant un ensemble d'airs musicaux de même tonalité mais aux rythmes différents.

L'auteur ne terminera pas sa fresque, arrêtée le 13 juillet 42, elle est déportée à Auschwitz où elle meurt du typhus le 19 août.

Ce roman posthume a également une histoire. Légué à ses deux filles, le manuscrit est demeuré enfermé de longues années après la disparition de son auteur. Une de ses deux filles le lira finalement en 1998, et il sera publié en 2004 par les éditions Denoël. Il recevra le prix Renaudot la même année.

Suite française, Irène Némirovsky, éditions Denoël, 09/2004. Existe également en version Poche chez Folio.

décembre 18, 2009

Hier encore

Hier j'ai présenté le synopsis de mon roman.
On m'a posé plein de questions.
Des auxquelles je savais répondre, des auxquelles je ne m'attendais pas, des qui m'ont interpelées, et des qui m'entraînaient sur un chemin que je refusais de suivre.
Hier j'ai présenté un plan, mes idées, mes projets.

C'est encore assez lâche, c'est encore un peu flou, mais en plissant bien les yeux je vois la silhouette de mon roman se dessiner au loin.
C'est amusant et un peu émouvant.
Certains personnages se laissent capturer sans rechigner, d'autres jouent à cache-cache avec moi, mais ils ne gagneront pas la partie, foi de moi.

Avant-hier, j'avais des doutes.
Hier j'ai confié le résultat de mon travail.
Aujourd'hui j'ai envie d'avancer encore plus vite, encore mieux.
Et Demain ?

décembre 17, 2009

Petit bilan pré-fêtes de fin d'année

Bien.
Nous sommes donc le 17 décembre.
Attendu que j'ai un travail et un patron pointilleux sur les horaires ;
Attendu que les RTT n'existe pas dans son monde ;
Attendu que je ne vais pas poser de congés sans solde pour aller faire mes cadeaux de Noël ;
Attendu que je n'ai plus de temps libre pendant le we puisque j'ai des rendez-vous familiaux incontournables ;
Attendu que même les histoires de calendrier de l'Avent du soir ont sauté tant on manque de temps le soir...

J'en conclue que je vais devoir aller faire mes achats la nuit.
Ou au petit matin.
En même temps, je devrais être dispensée de la foule.
ça tombe bien, je ne suis pas fatiguée.


Et vous ? C'est fait ? C'est quoi votre meilleure idée de cadeau ?

décembre 11, 2009

La femme à gouaille


Cette femme-là est une femme qui a souffert et souffre encore. Derrière son armure en acier trempé de larmes peut-être, c'est une femme rompue qui se cache en se dévoilant comme personne.

Forte en gueule, elle a toujours un bon mot, une plaisanterie, une remarque à faire. Si elle prend la parole avec aisance, elle la coupe plus souvent qu'à son tour et laisse quelquefois entendre, dans les discours délicats, une faiblesse d'élocution que l'on soupçonne être le vestige d'une dyslexie juvénile.


On l'entend venir de loin, si ce n'est par la force de voix ou de son rire qu'elle a gras et puissant, c'est par le bruit de ses talons, tantôt aiguilles tantôt massifs selon le style choisi pour sa tenue, selon son combat du jour.

Elle grossit et maigrit par période, soumise à de violents caprices hormonaux. Des variations qui ne s'appliquent pas qu'à sa corpulence mais aussi à son humeur. Cassante elle devient méchante, aimante elle devient collante, gluante pour ceux qu'elle chérit.

C'est une femme compréhensive, qui vous entend sans montrer une seconde qu'elle vous écoute, vous comprend alors que vous n'avez pas fini votre phrase. Mais elle entend vraiment, et sa compréhension peut même dépasser vos espérances...

Non dénuée d'intelligence et répète souvent qu'à l'âge qu'elle a, elle se connaît. Mais accepterait-elle ses fêlures que, loin de la fragiliser, cela lui donnerait la capacité de les combler et de les dépasser. Ce sont des gouffres.

La femme à gouaille à un caractère bulldozer. Elle sait ce qu'elle veut, et elle sait l'imposer.
Travailler avec elle n'est pas une sinécure, même si c'est un bon apprentissage : il faut la suivre, elle se comprend.

La femme à gouaille n'est pas méchante, elle est simplement ambitieuse et amoureuse.
Au point d'en être aveugle, obnubilée et obsédée. Et dans le boulot ce n'est pas souhaitable, pour personne. Mais de nous tous, c'est certainement elle qui en souffre le plus.

décembre 09, 2009

Les signes existent (encore faut-il les voir... et y croire!)

Cette semaine, je traînais mon découragement, ma fatigue et mes questions existentielles du we au sujet de mon roman quand j'ai reçu quelques signes des plus encourageants.
Des signes clairs, nets et précis, qui auraient difficilement pu être plus explicites.

Ainsi, alors même que lundi matin je ne voyais pas bien comment j'aurais pu écrire sur l'enfance d'une enfant pendant la seconde guerre (qui ne soit pas Anne Frank), je suis littéralement tombée sur un bouquin intitulé "Journal d'un enfant pendant la guerre".
ça sèche non ?

Et mardi, alors que je me demandais encore comment rendre compte fidèlement du Paris des années 50, un mail est directement arrivé dans ma boîte, me proposant de consulter le fonds de Roger Violet... Une tonne et demi de photos, dont trois quintaux du Paris des années 50.
Autant dire une manne.

Alors bien sûr, ce sont des coïncidences, et bien sûr, je suis à l'affût de tout ce qui pourrait me servir à écrire ce livre mais quand même, bande de septiques, avouez que ce sont de sacrés signes, non ?

Et vous, les signes ? Vous en voyez ? Vous y croyez ? Et qu'en faites-vous ?

décembre 04, 2009

la vie est parfois lisse, hélas


Il y a des périodes où vous êtes fatigué. Vous sentez que vous n'en pouvez plus, vous tirez sur la corde, mais vous ne voulez surtout pas vous arrêter : vous avez trop envie, trop d'appétit, et aucun désir pour le repos : vous êtes harassés par l'envie de vivre, d'apprendre et de découvrir.
Fatigués physiquement, la tête vide, mais les jambes qui galopent, vous reprenez de temps en temps votre souffle, juste histoire de tenter dans un vain effort, de décrisper les muscles de votre dos, qui se nouent et tirent sans relâche.

Et puis il y a ces périodes où vous ne vous sentez ni particulièrement fatigué ou reposé, ni particulièrement émotif ou heureux, mais pas malheureux.
Le ciel est gris, bleu ou noir selon qu'il fait gris, beau ou nuit.
Les choses désagréables n'ont pas prise sur vous. Les choses agréables non plus.
Tout glisse, tout est lisse. Le monde est étrangement calme.

Je me sens dans cet état de passivité en ce moment. Des chose
s qui m'agacent terriblement d'habitude ne me font plus rien. Cela ne signifie pas que je sois complètement passive, mais j'ai une forme de détachement un peu désagréable parfois (j'aimerais vibrer un peu plus), franchement appréciable d'autres fois.

Je n'ai pas d'envies particulières, ni d'idées à revendre, l'écriture ne coule pas, elle rame, mon crayon de bois est sec, la mine rugueuse accroche le papier, consentant à laisser une trace sèche et peu généreuse tel un escargot à sec.
Ma tête résonne des quelques idées que j'ai eu jusqu'à présent pour mon projet de bouquin, mais, chaque fois, chaque jour, j'ai peur de m'y remettre et de me trouver confrontée au silence et à l'horizon vide de mon synopsis.
J'ai peur, je n'ai jamais eu si peur de ne pas aller au bout, de ne pas réussir à avancer, de ne pas mener à bien ce projet. Je me mets la pression, je place la barre trop haut, je ne me facilite pas la tâche.
Mais quel bonheur, tout de même, de croiser une photo d'époque, d'imaginer une réaction, de trouver une formule.
Alors je sais que tout inspiration ne m'a pas totalement dé
serté. Qu'il me faut débusquer ces quelques sursauts. Dans la collection de dunes lisses que j'ai dans le crâne en ce moment, trouverai-je bientôt ce monde que j'imagine ? Vais-je parvenir à croiser mes personnages, et à saisir l'essence qui les anime, le bois dont ils sont faits ?