avril 23, 2008

A la mode de Ponge

Lundi dernier nous avons écrit dans l'atelier d'écriture auquel je participe, sur les objets, avec la contrainte d'intégrer à notre texte les prises de notes de deux autres personnes sur ce même objet.

J'aime bien ce que j'ai écrit, c'est suffisamment rare pour que j'ai envie de le partager...
Infiniment féminin

Tour d’acier, étui de métal, impénétrable, insoupçonnable. Est-ce une horloge ? Froid insaisissable. Faut-il tirer ? Appuyer ? Elle renvoie les reflets de sa silhouette. Petite tour rouge surmontée d’une cheminée d’acier ; petit flacon rectangulaire. Petit rien, petit tout, dont l’usage participe à la transformation. Est-ce un parfum ? Du poison ? Un élixir ? Petit bijou à la coque délicatement ciselée du nom de son créateur, petit cylindre d’apparat, infiniment féminin. Objet de convoitise pour les petites filles soucieuses de devenir femmes, il a l’odeur poudrée des baisers de maman avant l’école. Il faut pousser. L’objet se dédouble, et, phallique, il intrigue. Symbole de la féminité, il est la virilité masculine faite objet. Il fait monter le rose aux joues quand on le fait glisser avec langueur, qu’on l’humecte et qu’on l’étale avec précaution. La métamorphose s’opère, rubis fascinant, c’est l’entrée en séduction. Véritable peinture de guerre, il laisse son empreinte sur la peau adorée ou le filtre humecté. On le dévore des yeux, il vous mange le visage.

avril 17, 2008

Célébrons le printemps

Indolents nuages,
ondoyants, le ciel paisible
mon âme chante, aérienne

(Et quand Blogspot fonctionnera à nouveau correctement, je vous mettrai une jolie photo... )

avril 10, 2008

Lu dans la presse ce matin

"Pour contrer la tendance à l'apologie de l'anorexie sur Internet, un projet de loi présenté par l'UMP prévoit de punir de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende toute incitation à l'anorexie."

Pour sûr, ça va tout changer. J'espère qu'ils n'oubliront pas de légiférer également pour punir d'emprisonnement les adolescentes qui en parleront dans la cour du collège.

Non, c'est certain, empêcher les gens d'en parler sur Internet va certainement changer le goût des autres pour les corps filiformes qui portent si bien tout type de vêtement.
Le milieu de la mode devrait s'en voir profondément modifié, les magazines féminins publiront enfin des "Spécial rondes" avec de vraies rondes dedans, au lieu de mettre des mannequins à peine un peu rebondis, mais si, là voyons ! Regardez-mieux, juste au-dessus de la ficelle du slip, il y a un bourrelet. Ah ! Vous voyez !

Et moi qui croyais que l'anorexie mentale était une maladie !
Ignorante va.

avril 03, 2008

L'éloge de la fatigue

Alors que j'ai commencé mon nouveau boulot il y a maintenant un peu plus d'un mois et demi, j'ai versé quelques larmes mardi au bureau. La fatigue, l'épuisement et quelque menus événement ont eu raison de mon état de félicité habituel...
Pourtant j'aime ce que je fais, j'aime les gens qui partagent mon quotidien, j'aime mes enfants, mon mari, mes amis, et ils me le rendent bien. Les ateliers d'écriture auxquels je participe depuis un peu plus d'un mois et demi (j'ai tout commencé en même temps), me comblent... mais je suis un peu usée, et mon souci réside principalement je crois dans le fait que je ne veux pas l'admettre. Que je devrais être plus résistante que ça, c'est quoi, un mois et demi ?
Il est parfois dans ces circonstances des réconforts précieux, et une amie m'a adressé ce texte, très beau, très juste, je vous le fait partager, et je la remercie.
Bonne journée...

L'éloge de la fatigue

Vous me dites monsieur, que j'ai mauvaise mine,
qu'avec cette vie que je mène, je me ruine.
Qu'on ne gagne rien à trop prodiguer,
vous me dites enfin, que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué monsieur, mais je m'en flatte,
j'ai tout de fatigué : le cœur, la voix, la rate.
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
mais grâce à Dieu, je ne m'en soucie pas.
Et quand je m'en soucie, je me ridiculise,
la fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
On est jamais aussi fatigué qu'on le croit,
et quand cela serait, n'en a t-on pas le droit?
Je ne vous parle pas des tristes lassitudes,
qu'on a lorsque le corps harassé d'habitudes,
n'a plus que pour se mouvoir que de pales raisons.
lorsqu'on fait de soi son unique horizon.
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre ou à se défendre.
Cette fatigue là est mauvaise à entendre.
Elle fait l'œil morne, le front lourd, le dos rond,
et nous donne l'aspect d'un vivant moribond.
Mais se sentir plier sous le poids formidable,
des vies dont un beau jour on s'est fait responsable.
Savoir qu'on a des joies ou des pleures dans ses mains,
savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain.
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
aider une existence à continuer sa course.
Et pour cela se battre à s'en user le cœur,
cette fatigue là monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, chaque assaut qu'on livre,
on va aider un être à vivre ou à survivre.
Et sûr qu'on est le port et la route et le guet,
où prendrait on le droit d'être fatigué?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
marque chaque victoire en creux sur leur figure.
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus,
parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.
La fatigue monsieur est un prix toujours juste,
c'est le prix d'une journée d'efforts et de lutte.
C'est le prix d'un laboure ou d'un mur ou d'un exploit,
non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
et c'est la preuve aussi qu'on vit avec la vie.
Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
j'écoute mes sommeils et là, je me sens fort.
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
et ma fatigue alors, c'est une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer,
mais si j'acceptais là ce que vous me proposez,
si je m'abandonnais à votre douce intrigue,
mais je mourrais monsieur, tristement de fatigue.

Robert Lamoureux.