décembre 11, 2009

La femme à gouaille


Cette femme-là est une femme qui a souffert et souffre encore. Derrière son armure en acier trempé de larmes peut-être, c'est une femme rompue qui se cache en se dévoilant comme personne.

Forte en gueule, elle a toujours un bon mot, une plaisanterie, une remarque à faire. Si elle prend la parole avec aisance, elle la coupe plus souvent qu'à son tour et laisse quelquefois entendre, dans les discours délicats, une faiblesse d'élocution que l'on soupçonne être le vestige d'une dyslexie juvénile.


On l'entend venir de loin, si ce n'est par la force de voix ou de son rire qu'elle a gras et puissant, c'est par le bruit de ses talons, tantôt aiguilles tantôt massifs selon le style choisi pour sa tenue, selon son combat du jour.

Elle grossit et maigrit par période, soumise à de violents caprices hormonaux. Des variations qui ne s'appliquent pas qu'à sa corpulence mais aussi à son humeur. Cassante elle devient méchante, aimante elle devient collante, gluante pour ceux qu'elle chérit.

C'est une femme compréhensive, qui vous entend sans montrer une seconde qu'elle vous écoute, vous comprend alors que vous n'avez pas fini votre phrase. Mais elle entend vraiment, et sa compréhension peut même dépasser vos espérances...

Non dénuée d'intelligence et répète souvent qu'à l'âge qu'elle a, elle se connaît. Mais accepterait-elle ses fêlures que, loin de la fragiliser, cela lui donnerait la capacité de les combler et de les dépasser. Ce sont des gouffres.

La femme à gouaille à un caractère bulldozer. Elle sait ce qu'elle veut, et elle sait l'imposer.
Travailler avec elle n'est pas une sinécure, même si c'est un bon apprentissage : il faut la suivre, elle se comprend.

La femme à gouaille n'est pas méchante, elle est simplement ambitieuse et amoureuse.
Au point d'en être aveugle, obnubilée et obsédée. Et dans le boulot ce n'est pas souhaitable, pour personne. Mais de nous tous, c'est certainement elle qui en souffre le plus.

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