juillet 11, 2010

La faim de l'écriture


Je fais un bilan d'année et j'omets mon roman. Sûrement parce que je ne mélange pas pro et plaisir.

Et puis c'est que... je ne suis pas si avancée que ce que j'aurais aimé.
La faute à cette tendance à vouloir toujours faire plus, aller plus loin, et finalement être constamment déçue, alors même que j'ai avancé, malgré tout.

Donc après mon année d'atelier, je me trouve à la tête d'une bonne trentaine de textes, de trois personnages (dont un que je ne sens pas plus que ça, c'est étonnant, le pauvre, mais il ne me parle pas, à telle enseigne que je me demande ce qu'il est venu faire dans cette galère. Enfin bon, il va bien finir par se montrer, hein), et d'une histoire, ou du moins de la première partie de mon histoire, et d'un tas de questions, que je n'ose pas soulever toutes en même temps de peur de provoquer un chaos fatal.

C'est étonnant de voir les choses se mettre en place, de savoir répondre à des questions que l'on ne s'est jamais vraiment posées, de voir les personnages nous révéler leur histoire, leurs envies, leurs hésitations, de voir la langue animer tout ce beau monde et jouer des tours à sa façon.

C'est compliqué de trouver le temps de poser tout cela, de ne pas se décourager face à tout ce qu'il y a à faire, d'avoir la sensation constante qu'on repousse des murs horaires qui sans cesse veulent nous presser.
De ne pas culpabiliser parce qu'on a privilégié l'écriture à la peinture avec la poulette de 7 ans ou au vélo avec le loupiot de 3 ans.
De ne pas culpabiliser parce qu'on a eu du mal à se lever alors qu'on avait vraiment décidé de s'y mettre, demain matin.
Des fois, l'écriture, pour moi, c'est comme un régime. Demain je m'y mets. Ou comme le sport. Pourtant, dès qu'on s'y met, même un petit peu, c'est tellement gratifiant.

On pourrait écrire des heures sur les freins de l'écriture, la difficulté énorme de ne pas se laisser écraser par le "de quel droit, moi, je veux écrire" ou par le "tu perds ton temps".
Et puis comment comprendre, à lire ces lignes, qu'on ait besoin de continuer, qu'il y a quelque chose derrière tout cela, qui a besoin de sortir. Ca ressemble presque à une forme de masochisme.

Mais non, évidemment, cette année a été compliquée, elle était pleine comme un oeuf, et j'ai sauvé les meubles.
Évidemment, on voudrait y arriver, on voudrait se prouver qu'on peut, mais on est bien peu de choses devant la fatigue, le travail à plein temps et les baisses d'énergie (et de moral).
Mais évidemment, cette année était enthousiasmante, et gratifiante. Et si je n'aboutis à rien de vraiment concret, en ce mois de juillet qui préfigure les vacances et une grande pause pour me requinquer, je suis quand même contente, et un peu épuisée.

Je ne sais pas où je vais, mais j'ai compris il y a peu que pour moi, écrire un roman, c'est se lancer dans l'histoire sans fin. Or... il va bien falloir que je l'affronte, la fin, n'est-ce pas...

Je vais donc m'organiser, ce que je n'ai jamais pris la peine de faire, et puis avancer. Chapitre par chapitre. Je vais arrêter d'avancer à reculons vers la fin.
La fin, la fin... mais c'est quoi, la fin de l'écriture ? Comment on se sent quand on a bouclé un roman ? Comment sait-on que c'est terminé ?
Je vous raconterai. J'espère ;o)




L'écriture est une aventure. Au début c'est un jeu, puis c'est une amante, ensuite c'est un maître et ça devient un tyran.
W. Churchill


Du blé vert, oui, pourquoi pas ?

3 commentaires:

  1. JE comprends parfaitement cette impression de "régime" quand il faut se mettre à écrire. Mais une fois lancé, c'est presque ennivrant de voir les mots danser sur du papier. On a l'impression qu'ils viennent d'eux même comme des prisonniers trop longtemps enfermés. Je te lis depuis peu, mais j'apprécie vraiment tes billets.
    Et je te souhaite de bonnes vacances

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  2. Lili-Isleene : la bienvenue !
    oui il faut libérer l'écriture, oui, ce sont des mots prisonniers, et parfois, ils ne frappent plus assez fort. Mais quand ils sortent, quelle joie !

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  3. sofdag7:09 PM

    Voilà un texte qui me fait un bien fou, merci Beaucoup ! Je me le copie pour me le relire quand j'aurai un doute... Bonne route dans ton roman, je dessine la mienne pour le mien. Tendresses et joyeusetés et encore merci pour ce texte merveilleux.

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