février 07, 2011

Profession de foi d'une poètesse

Eloge de la cancritude

Un loir
Une couleuvre
Une cossarde
Je suis tout cela
En mollesse
Nonchalante
Je me casse
Au moindre effort
Engourdie endormie
Je glisse
De paresse
En paresse
Je flâne
Je rêvasse

Je suis un cancre
borné
Et pourtant
Et pourtant
Je parle aux arbres
Aux abeilles
Aux moineaux
Parfois à l'hirondelle
Qui emporte mon chant
Là-bas à tire-d'aile

Sans pleurs
Ni raison
Je n'ai pas
De doctrine
Mais suis profane
Par raison

Ignorants cités
Et maisons
Je fabule
Dans l'illusion
Et me calque
Sur mes rêves
Sans rime
Ni raison

Dans l'attente
De qui verra verra
Je me tiens
Immobile
J'attends les lendemains...

Amarrée à mes songes
Je rêve
De mes rêves
Médusée
Naviguant
De pays en pays
D'orient en occident
Le réel
Se multiplie
Je vis à la lumière
D'un temps fabuleux
Où il n'y a ni frontières
Ni confins

Mon temps
Est infini
J'interroge
Le cosmos
J'attaque
L'au-delà
Qui demeure
Sans solution
Je cligne
Des yeux
Je vois au loin
Le passé qui s'écoule
Dans l'avenir incertain.

L'Etoffe de l'univers
Andrée Chedid (1920-2011)
Flammarion (2010)

2 commentaires:

  1. Je ne connais pas bien cette auteure....mais tu me donnes l'envie. Il me parle ce poème !

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  2. Miss Zen, toi aussi tu écris "auteure"... j'aime bien. Je ne la connaissais pas trop non plus, et puis j'ai lu cette petite bio début janvier. Elle est très parlante, cette auteure, oui, je confirme.

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