février 19, 2009

Courir pour l’avoir. Ou pas.

Ce matin j’ai couru après mon train. Pourtant, je pensais ne pas réussir à l’attraper.

Le train du matin est pervers, il suffit que je décide qu’il est trop tard pour courir, pour qu’il reste en gare deux minutes de plus que prévu, mais me ferme tout même ses portes au nez. Quand nous avons emménagé dans la pampa, je me suis juré ne jamais courir après un train ou un métro, pour ne pas, par cet acte-là, me rendre esclave du rythme moderne. J’étais tout juste enceinte à l’époque, et pas du tout en mesure de courir. (Je vous passe les détails, vous apprécierez).

Las. Dès que j’ai eu accouché et retrouvé quelques muscles, je me suis mise à courir tous les jours. C’est en quelque sorte devenu mon mini-footing du matin, du midi et du soir, mon cardio-minute du jour...

Après avoir couru, sans forcer, soufflé, après avoir entendu la sonnerie des portes me narguer alors que j’avalais les marches de l’escalier deux à deux en croisant les doigts pour ne pas en louper une, après évaluation stratégique ultra rapide de la porte la plus proche de moi en cet instant, et alors que je m’attendais à voir les portes se clore dans la seconde, le train, très bizarrement, m’a attendue.

C’est en m’asseyant, et tandis que je tâchais de masquer ma respiration haletante, que je me suis fait la réflexion que finalement, tout cela est une question d’état d’esprit.

Si je n’avais pas tenté ma chance, je me serais probablement maudite de n’avoir pas bougé mes fesses pour l’avoir, ce train. Et je me serais retrouvée paisible, pas essoufflée, sur le quai

Mais alors je l’aurais qualifié de train pervers, faisant mine de m’attendre et me fermant les portes au nez.

Eh bien l’écriture, c’est pareil en fait. Si je ne tente pas ma chance, quelle est, en réalité, la probabilité qu’il se passe quelque chose ? Elle est nulle.

Alors ? J’ai envie de l’attraper ce train ou pas ? Sûr !

Ou est-ce que je fais le choix de ne pas courir, de ne pas faire cet effort, tous les jours, et de rester sur le quai à me geler sans avoir même essayé ?

No way, comme dirait l’autre.

Et peut-être qu’avec un peu de chance, le train m’attendra aussi un peu...




5 commentaires:

  1. Un billet qui arrive pil poil....Cette semaine, j'ai eu tendance a penser à quoi bon : à quoi bon me pousser ? Je pourrais ecrire mes petits billets et voila, je serais tranquille. Et puis tu me reveilles : non, non et non il faut que j'essaye encore meme si je n'écris que des bribes, des bouts de rien du tout. Merci et jolie metaphore

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  2. Tranquille comme sur un quai de gare à regarder les trains qui passent...
    Tant mieux si je te réveille.
    Les bribes et les bouts, tous bribes et bouts qu'ils sont, nous maintiennent en état d'écriture, ils sont en réalité très précieux.

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  4. Anonyme5:15 PM

    Très joli post.. Une phrase me reste depuis un moment dans la tête, phrase énoncée par un de mes profs de fac "qd on ne demande rien on a rien" et bien c'est aussi pareil ici si on ne fait rien qu'elle chance a t on d'avancer, qu'il arrive qq chose?? A moi d'avoir les fesses bordées de nouilles comme on dit! :) pour certains tout tombe dans le bec! ;)

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  5. Anonyme10:54 PM

    Quel joli billet... et je m'y retrouve pleinement, que ce soit pour l'écriture ou... pour le footing pour attraper le train... tu as raison, nous avons des choses en commun!

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