novembre 10, 2009

Marie Ndiaye, le prix Goncourt et le député

Je découvre à l'instant dans un article de Libération une prise de position pour le moins contradictoire.

Éric Raoult, député de Seine-Saint-Denis, estime que les propos tenus par Marie Ndiaye dans une interview donnée aux Inrocks le 30 août sont peu respectueux, voir insultants pour la France. L'auteure ayant critiqué Sarkozy et les ministres de l'immigration.

Le député imagine alors un «devoir de réserve dû aux lauréats du Prix Goncourt» et sollicite le ministre de la culture afin qu'il intervienne auprès de l'écrivaine et la remette dans le droit chemin, au motif que «le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l’image de notre pays».

A priori, on a envie de dire qu'un prix Goncourt n'est pas une muselière. D'autant moins quand l'interview a été réalisée avant l'attribution du dit prix.

A posteriori, on est effaré (au minimum, en vrai je suis très en colère) de voir quel carcan et quel devoir de réserve certains politiques imaginent pour quiconque ose prendre la parole alors qu'il pèse un poids certain sur la scène culturelle française.
C'est ni plus ni moins de la censure.
Ce dont Raoult se défend, évidemment : «Je suis pour la liberté d’expression la plus totale des écrivains, ce qui n’est pas la liberté de calomnier ou d’insulter.»

Perso, j'adorerais être à la place de Marie Ndiaye. Je ne lui ferais pas la nique, non, je ne suis même pas sûre que je lui répondrais. Mais si j'avais à le faire, je pense que je le ferais gentiment, proprement et en réaffirmant mes convictions. Sans diffamation aucune. (Oui, je me prends pour Marie Ndiayé un instant, c'est interdit, ça aussi ?).
Qui a dit qu'un écrivain (et un artiste en général) devait donner l'exemple ? Non mais ça va pas, hein.

Et en parlant de recadrage nécessaire, je me dis qu'une petite discussion d'Homme à Homme avec ce députés'impose. Je lui collerais bien des cours de rattrapage en matière de libertés individuelles.
Un rafraîchissement s'impose. Je croise les doigts pour qu'il ait lieu.

8 commentaires:

  1. mode *ironie* on
    La culture aurait plus de pouvoir que la politique et ses magouilles?
    allons, allons... ça se saurait!
    mode *ironie* impossible à fermer...

    (je sens le ras le bol me palpiter les naseaux... si, si, je le sens...)

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  2. L'ironie est encore le meilleur moyen de ne pas vibrer de colère. Et encore...

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  3. Je suis bien d'accord, je ne comprends meme pas comment on peut exprimer de tels propos dans une démocratie comme la France.....et comme si cette auteur devait quoi que ce soit aux politiques actuellement au pouvoir : ridicule mais inquiétant !

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  4. ben si, un écrivain doit donner l'exemple!!! l'exemple d'oser donner son avis, même s'il est contraire à celui des politiques qui sont au pouvoir....

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  5. Miss Zen : oui, inquiétant. Du domaine de la dérive lente mais sournoise.

    chrichrine : ok avec toi sur le fond.

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  7. pour le pays des droits de l'homme, débatant sur l'identité nationale, ce député nous montre bien ce que pense ce gouvernement, non ?

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  8. Cette histoire de devoir de réserve imposé au prix Goncourt est absolument sidérante.... On en reste sans voix. Mais l'important est que Marie Ndiaye, elle, garde toute la force de sa voix. Allez, Marie !

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