décembre 04, 2009

la vie est parfois lisse, hélas


Il y a des périodes où vous êtes fatigué. Vous sentez que vous n'en pouvez plus, vous tirez sur la corde, mais vous ne voulez surtout pas vous arrêter : vous avez trop envie, trop d'appétit, et aucun désir pour le repos : vous êtes harassés par l'envie de vivre, d'apprendre et de découvrir.
Fatigués physiquement, la tête vide, mais les jambes qui galopent, vous reprenez de temps en temps votre souffle, juste histoire de tenter dans un vain effort, de décrisper les muscles de votre dos, qui se nouent et tirent sans relâche.

Et puis il y a ces périodes où vous ne vous sentez ni particulièrement fatigué ou reposé, ni particulièrement émotif ou heureux, mais pas malheureux.
Le ciel est gris, bleu ou noir selon qu'il fait gris, beau ou nuit.
Les choses désagréables n'ont pas prise sur vous. Les choses agréables non plus.
Tout glisse, tout est lisse. Le monde est étrangement calme.

Je me sens dans cet état de passivité en ce moment. Des chose
s qui m'agacent terriblement d'habitude ne me font plus rien. Cela ne signifie pas que je sois complètement passive, mais j'ai une forme de détachement un peu désagréable parfois (j'aimerais vibrer un peu plus), franchement appréciable d'autres fois.

Je n'ai pas d'envies particulières, ni d'idées à revendre, l'écriture ne coule pas, elle rame, mon crayon de bois est sec, la mine rugueuse accroche le papier, consentant à laisser une trace sèche et peu généreuse tel un escargot à sec.
Ma tête résonne des quelques idées que j'ai eu jusqu'à présent pour mon projet de bouquin, mais, chaque fois, chaque jour, j'ai peur de m'y remettre et de me trouver confrontée au silence et à l'horizon vide de mon synopsis.
J'ai peur, je n'ai jamais eu si peur de ne pas aller au bout, de ne pas réussir à avancer, de ne pas mener à bien ce projet. Je me mets la pression, je place la barre trop haut, je ne me facilite pas la tâche.
Mais quel bonheur, tout de même, de croiser une photo d'époque, d'imaginer une réaction, de trouver une formule.
Alors je sais que tout inspiration ne m'a pas totalement dé
serté. Qu'il me faut débusquer ces quelques sursauts. Dans la collection de dunes lisses que j'ai dans le crâne en ce moment, trouverai-je bientôt ce monde que j'imagine ? Vais-je parvenir à croiser mes personnages, et à saisir l'essence qui les anime, le bois dont ils sont faits ?





3 commentaires:

  1. Je te comprends, je ressens parfois la même chose : rien à dire ou pas grand chose, plus de petite musique, plus d'image.... et puis à quoi bon, pourquoi..... Il faut savoir retrouver la paix, le calme, laisser venir l'ennui, le vide, le rien et alors tout à coup, une idee surgit, un bout de fil....

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  2. très beau texte qui résonne en moi d'autant mieux que j'ai souvent éprouvé ce dont tu parles, cette lassitude calme, presque sereine, cette absence, cette impression que tout est sec en soi. Il faut accepter ces passages à vide pour redevenir fécond. C'est ainsi.

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  3. Miss Zen: oui, je respire, je souffle, et je garde l'oeil ouvert, je guette la petite étincelle qui rallumera le feu...

    Gaëlle : oui, j'imagine assez, mais même si je m'en doutais, j'avoue que ça m'apaise de savoir que ça arrive vraiment pour de vrai aux autres !

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