avril 08, 2010

L'amour, c'est comme une cigarette


Ne comptez pas sur moi pour vous dire si Incidences est un bon ou un mauvais Djian (d’autant moins que vous trouverez facilement ce genre de formules aux quatre coins du web).

Mes dernières lectures de lui remontent en effet aux années quatre-vingt-dix et leur qualité littéraire n’est pas le souvenir le plus prégnant qu’il me reste des Zone érogène, Maudit manège et autre Bleu comme l’enfer.

Incidences est donc mon retour à Djian. Après des tentatives avortées avec Vers chez les blancs et Doggy bag, il me semblait qu’il fallait quand même que je refasse un véritable essai. Transformé donc.


Intro : Marc, professeur de fac (il donne des cours d'écriture) sur le retour, qui vit avec sa sœur, et qui a depuis longtemps renoncé à devenir écrivain, enchaîne les liaisons avec ses étudiantes. Sauf qu’un matin, il trouve l’une d’entre elles morte à ses côtés, dans son lit.

De cette situation, Djian déplie un décor dans un style simple mais efficace, qui sert le regard de son personnage, critique, souvent cynique, sur l’époque et notamment sur la littérature contemporaine. Du passé douloureux des frère et sœur, il nous donne des amorces d’informations mais ne fait pas étalage de révélations.
Marc observe ses sentiments et ses sensations l’animer comme hors de son corps, qu’il semble ne réintégrer que pour fumer ou faire l’amour, occasions qui lui rappellent soit son âge soit son enfance. Il s'observe notamment tomber amoureux et ressentir les élans d'un sentiment qu'il connaît mal, et qui, aussi étonnant qu'il soit, ne dure qu'un temps.

Je ne dirais pas que la chute est étonnante, loin de là, le roman est émaillé d’allusions qui m’ont parfois fait souffler, mais par ailleurs, la construction est solide et assez fine. Les allusions sont assez subtiles pour nous laisser imaginer le pire, et j’ai trouvé que la distance du personnage avec le monde réel est excessivement bien rendue. On le suit, étonné de constater qu’il ne se tient pas là où il faut, qu’il n’a pas les réactions attendues et qu’il ne mesure pas les conséquences de ses actes. Il est à côté, constamment, et s’en rend compte -mais pas à quel point- mais avance, dans un mélange de cynisme et de désinvolture spontanés. Djian fait cela très bien, et je crois que c’est ce que j’aime chez cet auteur.

« Il roulait au milieu de la chaussée, mâchoires serrées, à cheval sur la ligne blanche continue qui se tordait sous ses yeux comme un serpent affamé dans la lune rousse. »

Incidences, Philippe Djian, Gallimard, mars 2010.

4 commentaires:

  1. Anonyme7:43 PM

    Ca donne envie...
    Je suis une acheteuse compulsive de livres ces temps-ci mais je n'en lis aucun.
    Je pense que celui ci va faire, d'ici peu, partie de ma collection...

    Merci :)

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  2. Livre qui m'a bien plus également... D'ailleurs, j'en parle aussi par chez moi (les grands esprits, tout ça...)

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  3. Je n'ai jamais rien lu de Dijan et en ce moment je suis tres lecture feminine .....de la douceur, du bon sentiment ou pas, bref du facile....

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  4. MoO : De rien ! Mais qu'en fais-tu si tu ne les lis pas ? (Pure curiosité, pour ma part j'en fais des piles. Mais je finis toujours par les lire ;o)

    LVE : je vais aller lire de ce pas.

    Miss Zen : On m'a prêté les Doggy bag alors que je venais d'accoucher et je ne suis pas allée au delà des 25 premières pages. Je n'étais pas dedans du tout, je comprends très bien

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