octobre 17, 2010

Il est ennuyé, Lambert



Au XIXe siècle, dans un domaine de l'Ouest de la France, Lambert, un garde-chasse voit arriver son nouveau maître, le baron de l'Aubépine.
Celui-ci, absent depuis quinze ans, se révèle très différent de son père, nourrissant notamment des idéaux révolutionnaires, il partira se battre à Paris laissant ses gens dans le besoin.
A son retour, le baron entretient des relations pour le moins surprenantes avec de jeunes femmes puis bâtit des projets délirants autour du personnage de Victor Hugo.
Lambert, sa femme Eugénie et leur fille Magdeleine, se trouvent là les témoins d'agissements qui remettent en cause leur honnêteté puisqu'ils se trouvent contraints de les taire par obéissance tout d'abord, puis pour sauvegarder leur place.
Entre les non-dits et les menaces, les coeurs couvent, mais ils ne peuvent se taire éternellement.

Après avoir longtemps tourné autour de cette couverture que je trouvais intrigante, voici que j'ai cédé à l'appel du livre, dont le sujet ne me tentait pas plus que ça.
Annoncé comme un huit-clos, ce récit est mené avec bon train, notamment grâce à une écriture extrêmement rythmée et vivante qui reflète avec beaucoup de justesse les caractères des personnages. L'ensemble est authentique, tant le respect que les gens portent à leur maître que l'ambiance des lieux, l'Ouest étant à la fois ici le décor des lieux et un acteur à part entière.

Au cours de l'histoire, nous pataugeons au côté de Lambert lors de ses chasses, à la tête de la meute qu'il nous semble entendre gueuler et respirer derrière notre épaule tout au long du roman. Leurs crocs et le fusil de leur maître sont omniprésents, ils appartiennent au décor au même titre que les bois, l'étang et l'humidité.
Nous subissons les assauts délirants du maître, dont les idées révolutionnaires sont aussi fantasques que ses fantasmes sexuels sont inquiétants.
Nous le voyons nourris des espoirs farfelus autour de la personnalité de Victor Hugo, et comme la famille de Lambert, nous observons la folie du maître s'insinuer, s'imposer à ses gens, jusqu'à les contraindre à agir, à la fois de bon et de mauvais gré.

L'ensemble sent la terre, les sous-bois, le chien mouillé et la moisissure, mais si à cette description il semblerait que l'on ne souhaite qu'y échapper, ce qui se noue là ne nous laisse pas d'autre choix que de poursuivre, haletant, de courir dans les pas de Lambert afin de savoir ce qu'il adviendra, finalement.

Voici un auteur que je découvre et que je lirai encore avec grand plaisir.
Un très bon roman, de ceux que l'on termine vite, qui s'impriment dans notre esprit et laissent une trace, crottée et baveuse pour celui-ci !

Ouest, François Vallejo, aux éditions Viviane Hamy.
Prix du livre Inter 2007.

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