novembre 23, 2006

La promesse de l'aube


Je suis dans La promesse de l’aube, de Romain Gary

Romain Gary qui n’a de cesse de raconter sa vie d’enfant unique d’une mère délaissée et totalement dévouée à l’œuvre de sa vie : lui.
Ainsi décrit-il l’amour maternel exclusif. Je dois dire que je n’ai pas vécu cet amour enfant, mais que devenue maman, je me suis trouvée riche de cette source qu’il décrit, et que j’appelle moi mon « puit sans fond d’amour », qui fait parfois peur, qui déstabilise, mais qui tient tellement chaud au cœur. Je partage avec vous :


« Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençai à comprendre. Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras, vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d’amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous les côtés, il n’y a plus de puits, il n’y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l’aube, une étude très serrée de l’amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu.
Je ne dis pas qu’il faille empêcher les mères d’aimer les petits. Je dis simplement qu’il vaut mieux que les mères aient encore quelqu’un d’autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. »

7 commentaires:

  1. Anonyme8:49 PM

    J'ai lu ce livre il y a bien des années, et j'avais beaucoup aimé, le style, l'histoire...

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  2. Moi aussi, j'ai un faible assez prononcé pour Romain Gary. Une certaine vision de l'élégance au milieu d'un monde de brutes...

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  3. Superbe passage...dire que je n'ai pas encore lu ce livre !

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  4. De l'élégance, du style, une belle histoire, vous résumez bien ce qui rend ce livre incontournable.
    Je crois que j'apprécie également Romain Gary parce qu'il dit ses faiblesses, il ne se cache pas, et c'est ce qui rend son livre si évident : sa simplicité.
    Il parle ouvertement de sa mère, de ses travers et de ses convictions, il parle également de sa soif d'absolu, d'ailleurs le thème de la source revient constamment, qu'il s'agisse d'une source d'amour ou d'inspiration.
    Bref, je n'ai pas encore fini le livre,mais je ne pouvais plus attendre pour partager cet extrait que j'ai trouvé si beau.

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  5. Anonyme2:53 PM

    Les romans "souvenirs d'enfance" de Gary ne sont pas la facette de son oeuvre qui me captive le plus (loin de là), mais j'aime beaucoup cet extrait.

    A bientôt May.

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  6. A vrai dire, thom, c'est mon premier livre de Romain Gary (je suis dans une phase "découvrons les classiques"), ensuite j'ai "La vie devant soi". Mais dans La promesse de l'aube" il parle beaucoup de son livre "Les racines du ciel", ça commence à m'intriguer.
    Le(s)quel(s) as-tu préféré de lui ?

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  7. Anonyme12:46 PM

    Mon préféré de tous, c'est "Lady L"...rien à voir avec aucun des livres que tu viens de citer. Une fable satirique, acide, exhubérante et vraiment drôle...

    J'ai bien aimé aussi "Les racines...", beaucoup moins "la vie..." que je trouve personnellement un peu fade (en même temps je ne connais quasiment que des gens qui l'ont adoré).

    Voilà !

    A bientôt chère May.

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