février 23, 2012

Conceptions de l'évolution

Hier j'entendais à la radio "Comment ce genre de choses peut-il encore arriver alors que nous sommes en 2012 ?!"
La personne, manifestement révoltée, évoquait la fuite de deux personnes âgées de leur maison médicale. Atteintes de la maladie d'Alzheimer, elles ont été retrouvées mortes dans un square voisin de l'établissement.
Situation choquante, bouleversante, accident tragique.
C'est la formulation qui m'a soudain laissée perplexe.
"Comment ce genre de choses peut-il arriver en 2012 ?"
Se confrontent ici deux notions : 2012, maîtrise technologique chaque jour plus épatante, multifonction, à l'utilité parfois discutable, et la notion d'accident.

Je me demande si, emportés par les évolutions technologiques, nous n'avons pas l'impression de posséder le pouvoir de maîtriser toute chose et si, dès lors qu'un accident survient, nous ne sommes pas brutalement tirés de notre cocon sécurisé pour constater, de fait, notre impuissance.


En 2012, des gens meurent de faim, il y a des guerres un peu partout.

Les baleines grises disparaissent et dans moins de 40 ans il n'y aura plus de poisson.
Et la notion d'accident nous demeure cependant intolérable.
Pour moi, c'est une expression sursaut de notre humanité, de celles dont il me semble de plus en plus que, pris dans notre confort et nos gadgets numériques, nous n'entendons pas assez la profondeur.
De celles qui nous révèlent pourtant des points fondamentaux de notre évolution :
- l'homme n'est pas encore tout puissant
- mais il est encore capable de s'en indigner
- pourtant, il se laisse bercer par des applications, des réseaux et des technologies qui, pour performantes qu'elles soient, doivent être mises au service de l'homme.
Pour moi, le virage n'est pas encore pris, et l'homme est pour le moment à la merci des technologies.
Aveuglé par leur performance, ivre de son propre talent, assoiffé d'en repousser les limites.
Un résumé de l'évolution.
Je ne fustige pas les technologies, je tape ce post sur mon iPhone, dans le train qui me conduit au bureau.
Ce matin la radio annonçait la mort de journalistes en Syrie, le message dominant de Marie Colvin, journaliste américaine, était "Comment le monde peut-il laisser faire ça ?"
Résonance.

2 commentaires:

  1. Je trouve ton billet très fort. Il est vrai que la technologie, la science nous déconnecte trop souvent de notre condition d'humain. Vraiment très bon billet qui fait réfléchir !

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  2. Miss Zen : je trouve fou de voir à quel point nous nous étourdissons de technologues pour échapper à cette condition humaine. En même temps, j'entendais hier que l'emploi chute mais les heures supp explosent...

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