Depuis quelques temps déjà, j'essaie d'écrire. Nous sommes nombreux dans cet état, me semble-t-il, et je bataille terrible avec moi-même pour ne pas dévaloriser ce que je fais. D'abord c'est trop facile de ne rien faire en se disant qu'on ne fera jamais aussi bien écrit QUE, ni aussi original QUE, ni encore aussi génial QUE. Ensuite parce que je me vois mal vivre avec ce désir inachevé. Donc je me débats, je vous l'avoue, avec moi-moi (je voulais écrire "avec moi-même", mais ce lapsus me fait sourire, alors je partage).
En ce moment, je suis un peu coincée sur mes personnages. Et donc je réfléchis, quelquefois (pas tout le temps en ce moment, mais plus que pendant ma grossesse, semble-t-il, puisque j'ai appris récemment que j'ai passé sept mois dans un état mono-neuronal poussif, ce dont je ne me suis même pas vraiment rendu compte, mais que mon homme, doux et tendre - et prudent - a bien pris soin de me cacher). je réfléchis donc à ce qui fait que l'on retient tel ou tel personnage, tel ou tel auteur, et ce matin, je me suis arrêtée sur les Barbapapas, qui m'ont laissé une forte impression, depuis que j'ai quitté le monde de l'enfance. D'ailleurs ce sont des personnages que j'ai vraiment voulu faire découvrir à ma fille dès que possible.
Le fantasme est génial : pouvoir prendre la forme qu'on veut : objet ou animal, végétal, le tout en une fraction de seconde, sans perdre son identité tout-à-fait puisqu'ils conservent leur couleur originale.
En plus, ils se servent de cette capacité pour faire le bien : Barbapapa sauve des gens d'un incendie dans le tout premier volume, en se transformant en escalier.
Le message est également écologique, humaniste, et franchement sympatique. Un peu grosses, les ficelles ? on a plus cinq ans, ceci explique peut-être cela. Un peu daté années soixante-dix ? Ouai, moi aussi je me sens un peu datée.
Les dessins ne sont pas aussi chiadés que certains albums illustrés d'aujourd'hui, mais ce n'est pas l'idée, au contraire, le tout est simple, et fonctionne bel et bien si on en juge leur succès depuis 1970.
Vous aurez sûrement remarqué que Barbapapa est rose et Barbamama noire, et que leurs enfants sont de toutes les couleurs. Un joli clin d'oeil au métissage, je trouve.
Et puis les enfants ont tous leur domaine de compétences, il y a le peintre (le seul à avoir de poils, on se demande un peu ce qu'il a fait pour mériter ça...) le costaud, le copain des animaux et de la nature, la chanteuse, le savant, l'intello, et même la belle (bon, le costaud et la belle, c'est pour compenser, on ne peut pas avoir que des enfants brillants et intellectuels ;o))
Bref, de tout pour se faire un monde et s'identifier, une jolie tribue qui se fabrique des maisons à volonté, et un univers bien personnel.
Tout cela tout en simplicité et sans prétention, ça a de quoi plaire, non ?
Bon, ça ne m'avance guère pour mon texte, mais je voulais rendre un petit hommage à mes Barbapapa chéris, tous plus mignons les uns que les autres, et à leurs auteurs, Annette Tison et Talus Taylor.
Et quand ma fille m'a demandé ce matin "Et toi, tu voudrais être laquelle ?" "Ben, la noire tiens !"
Franchement, ils n'ont pas l'air heureux ?
