octobre 05, 2007

Étrange affaire, Docteur Jekyll...

L'étrange affaire du Dr Jekyll et de Mr Hyde - 1886
Robert Louis Stevenson
Nouvelle traduction de Guillaume Pigeard de Gurbert et Richard Scholar
Babel

Quelle langue, mes amis, quelle langue ! Rien qu'à la lecture de la préface, j'avais déjà envie de balancer mon bouquin pour aller l'acheter en VO et m'en régaler. Je n'en fis cependant rien car la traduction (nouvelle), est de très bonne qualité.
L'histoire, nous la connaissons tous, quant à vous dire ce qui me poussa à acheter le livre, je l'ignore. Peut-être le fait que je n'avais jamais rien lu de Stevenson, associé au fait que j'aime bien me faire peur avec des vieux classiques.
Ainsi ai-je lu il y a quelques années le Frankenstein de Mary Shelley. Je n'ai pas été déçue du voyage, la description des incursions nocturnes du docteur dans les fosses communes pour récupérer des restes humains est glaçante, et je fus plusieurs nuits sans pouvoir me défaire de ce que mon imagination avait bâti autour du récit. C'est aujourd'hui encore une de mes plus grandes frayeurs littéraires, avec La ligne noire de Jean-Christophe Grangé, qui n'est certes pas un vieux classique mais qui m'a foutu une trouille de tous les diables.
Évidemment, le suspens est un peu émoussé de cette histoire que Stevenson a tirée d'un de ses cauchemars (je cultive depuis l'espoir qu'en me couchant en pensant à mon texte, je rêverai d'une scène que je n'aurai plus ensuite qu'à mettre en mots, mais ça n'a pas encore marché...). Je pense donc pouvoir vous parler librement de ce brave Docteur Jekyll qui mit au point une potion capable de révéler la nature sombre de son être et qui se fait bientôt envahir par la puissance de ce "lui" longtemps maintenu prisonnier dans les tréfonds de son âme.
" Pour ma part, étant donné la nature de mon existence, j'avançai infailliblement dans une seule et unique direction. Ce fut par le côté moral, et dans ma propre personne, que j'appris à reconnaître la profonde et primitive dualité de l'homme; je vis que, des deux natures qui combattaient dans le champs de ma conscience, même si je pouvais à bon droit être identifié à l'une ou à l'autre, c'était seulement parce que j'étais radicalement les deux."
Dès la découverte de la formidable puissance que possède cette part noire de son être, le Dr Jekyll n'aura de cesse de choisir l'une puis l'autre de ses personnalités, sans toutefois parvenir finalement à contenir la bête qu'il a déchaînée.
"Entre ces deux-là, je sentis en ce moment que je devais faire un choix. Mes deux natures avaient en commun la mémoire, mais toutes les autres facultés étaient très inégalement réparties entre elles. (...) Mon démon avait été longtemps en cage ; il sortit rugissant. J'eus conscience, au moment même où je pris le breuvage, d'une propension au mal plus débridée, plus déchaînée."

Si vous êtes tentés de redécouvrir cette histoire fantastique, et de savourer le style séduisant de Stevenson, n'hésitez plus, foncez, vous passerez un agréable moment, d'autant que le livre a juste la bonne longueur.

7 commentaires:

  1. Anonyme9:48 AM

    Ces histoires sont tellement ancrées dans la culture populaire qu'on oublie d'aller les lire (dans la littérature française, l'équivalent est sans doute 'Les Misérables' : combien de personnes l'ont lu, parmi celles qui connaissent l'histoire ?).
    En tout cas, ton billet est alléchant, et je garde l'idée dans un coin de ma tête :)

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  2. une nouvelle traduction tu dis??? arffffffff si c'est pas ma veine!!!! :o))))

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  3. Anonyme8:26 AM

    J'aime terriblement Stevenson : il faut lire aussi "Le maître de Ballantrae", un chef-d'oeuvre!

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  4. Ce billet est excellent, May, et me met en appétit ! Je n'ai jamais lu "Dr Jekyll", en fait, et là j'ai soudain une terrible envie de le lire. Il faut dire que tu en parles très bien et que les extraits sont d'une grande puissance... ah... ma PAL, ma pauvre PAL !

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  5. > zag : ou pire ! Madame Bovary ! ;o)))

    >lamousmé : oui, et le style en est délectable...

    > fashion : j'adore proposer un livre et qu'on me renvoie la balle, je note donc, car je crois que je suis tombée raide amoureuse du style de Stevenson à mon tour...

    > Gaëlle, merci de ton compliment. Comment ne pas être porté par une si jolie écriture ? Et ta PAL ne s'en portera pas forcément plus mal d'un petit classique des familles... ;o)

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  6. Anonyme5:20 PM

    J'ai beaucoup aimé ce livre (lu en VO), qui bénéficie c'est d'un style et d'une écriture fabuleux!

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  7. Anonyme10:45 PM

    Tu vises drôlement juste May, le style de Stevenson a été un de mes coups de coeur absolu !!! Du coup je m'étais aussi acheté ses essais (qui sont superbes) et maintenant je crois bien que..; oui... le maître de Ballantrae elle disait Fashion... mais je en l'ai PAS lu celui-là !!! :-)

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