mars 05, 2007

Marilyn, dernières séances


Marilyn, dernières séances
Michel Schneider
roman paru en septembre 2006, aux éditions Grasset



Que dire de ce roman, puisque c’en est un.
Le projet de l’auteur :
Présenter la relation de Ralph Greenson, « psychanalyste freudien » et de Marilyn Monroe « déesse du sexe » durant un an et demi à Hollywood. Comment le psychanalyste a soutenu Marylin, lui offrant l’accueil d’une famille qu’elle n’avait jamais eu, cherchant en la psychanalyse le moyen de la soulager, alors même qu’il semble conscient qu’elle est très loin de pouvoir assumer une analyse. Une relation complexe se noue entre ces deux personnes. Lui, engagé auprès des studios à la mettre « en état de tourner », elle, qui tous les jours trouve refuge dans son cabinet comme dans son foyer.

L’auteur est probablement très documenté. Le plan du livre suit hélas l’éparpillement de cette documentation. Les chapitres se succèdent, et le lecteur valse d’un lieu, d’une date, d’un personnage, d’un milieu à un autre. Il n’y a pas de logique apparente et l’on fini par ne plus savoir où et quand se situe le propos. L’on finit d’ailleurs par totalement s’en moquer.

L’auteur ne défend aucune thèse sur la cause de la mort de MM. Ce qui est appréciable dans la mesure où on ne poursuit pas la lecture en ayant à l’esprit que la fin du roman devrait révéler le nom d’une organisation coupable.

L’éditeur cite Flaubert à propos de L'Éducation sentimentale :
« Mes premiers plans sont inventés et mes fonds réels ». La nuance en l’occurrence, réside en ce que le premier plan de ce roman sont des personnes qui ont réellement existé. En mêlant documentation réelle et fiction, l’auteur ne prend finalement aucun parti, c’est probablement la solution la plus simple. Celle qui permet à l’auteur de donner à voir la détresse d’une Marilyn perdue au milieu de gens trop intéressés ou trop désintéressés.
J’ai apprécié cette lecture, mais la solution du vrai-faux m’a laissée plusieurs fois un peu en bascule, ce qui n’est pas très agréable.
Faut-il nécessairement être dans le tout vrai ou le tout faux ?
Je n’en sais rien. Mais partir d’une documentation aussi détaillée pour arriver à du roman, j’ai presque envie de dire que ce n’est pas fair-play. Cela fait du roman un masque de la vérité, et c’est presque dommage.

Ma conclusion. Oui, pour découvrir la dépendance de Marylin aux analyses et aux analystes, en particulier R. Greenson. Oui pour toucher du doigt les profondes fêlures qui ont fait d’elle ce personnage de fantasmes auquel elle se sentait elle-même étrangère. Ce n’est déjà pas si mal. Il semble que cette affaire a été très loin, à telle enseigne qu’on se demande légitimement si la vérité sera connue un jour, et si vérité il devait y avoir, quel crédit lui accorder.

(Pour un souci du détail « vrai », préférer Marylin Monroe, enquête sur un assassinat, de Don Wolfe, qui regorge de témoignages et d’anecdotes. Le tout dans un style très Hollywoodien !)

3 commentaires:

  1. Anonyme3:04 PM

    Je crois que c'est la première critique non-enthousiaste que je lis sur ce bouquin...

    RépondreSupprimer
  2. Attention, j'ai aimé le livre. Mais je n'ai pas aimé le plan "c'est du presque vrai mais pas tout à fait".
    Je n'ai pas réussi à me laisser porter.

    RépondreSupprimer
  3. C'est très intéressant de lire ton avis, en effet plus contrasté que beaucoup de critiques dithyrambiques. Ça me donne envie de lire ce livre pour me faire mon idée et revenir t'en parler ;-)

    RépondreSupprimer